Objectifs en course à pieds riment souvent (trop) avec résultats lors d’une course unique. Pourtant, focaliser toute son attention et ses espoirs sur la réussite ou non de cette course est générateur de stress. Que se passera-t-il dans la tête du coureur si l’objectif n’est pas atteint ? Comment faire pour garder la motivation de courir pendant des mois en attendant cette course ? Qu’en-est-il de la notion de plaisir si il n’y a pas un sens profond à son défi ?
Cet article, a été écrit en collaboration avec Nahim Mehenni du cabinet Mental.Impact.Performance, spécialiste de la préparation mentale. Il accompagne régulièrement des sportifs de haut niveau ainsi que des entraineurs dans leur préparation aux compétitions.
Dans cet article, nous allons vous expliquer:
- pourquoi il est essentiel d’identifier le sens de son objectif ;
- pourquoi des objectifs bien fixés permettent de garder sa motivation de courir sur le long terme
- comment contourner le piège d’un objectif unique
Avec lui, nous avons également créé un guide complet appelé « Préparation Mentale et Fixation d’Objectifs – les clés de la motivation ». Si vous souhaitez le télécharger, demandez le ci-dessous:
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Le sens de l’objectif
Débuter la course à pieds ou s’inscrire à son premier marathon n’est pas une fin en soi. Dans la majorité des cas c’est la conséquence d’un sens profond, avoué ou non. Nous sommes poussés par notre volonté de transformer quelque chose dans notre vie, de découvrir des nouvelles ressources et d’augmenter notre estime de soi (et celle des autres).
Formaliser le Pourquoi est un travail primordial en préparation mentale (le Pourquoi, voir notre article Préparation mentale : pour plus de plaisir et de performances). Cela passe par une réflexion profonde de ce qui nous anime.
Exemple : si un sportif propose comme objectif « courir un Marathon ». Ce n’est pas assez spécifique et il va falloir étoffer afin de s’assurer que l’objectif soit bien qualifié, organisé dans le temps, et surtout qu’il ait un sens profond.
Avoir du sens signifie que l’objectif est profondément ancré à nos valeurs, à nos croyances, à la perception positive que nous pouvons avoir de nous-même. C’est ce qu’on appelle la synchronisation.
« Ce que l’on obtient en atteignant nos objectifs n’est pas aussi important que ce que l’on devient en les atteignant » – Zig Ziglar (Conférencier)
Être synchronisé
Cela signifie que le sportif est en accord avec le sens profond qu’il donne à son activité. Si la notion de sens n’est pas présente, le sportif n’avancera pas vers la réalisation de son objectif. Quelles que soient la récompense ou la punition. Ce n’est d’ailleurs pas rare de constater des phénomènes d’auto-sabotage.
Un exemple parmi d’autres : des jeunes joueurs/joueuses de tennis qui sont coaché(e)s par leurs parents pour qui le rêve est que leur enfant devienne professionnel. Certains de ces jeunes ne partagent pas la même envie et mettent en place des stratégies d’auto-sabotage inconscientes (ne pas se donner à fond sur des points décisifs, trainer les pieds à l’entrainement, etc).
Pourtant, ce ne sont pas des joueurs mauvais techniquement, tactiquement, physiquement ou mentalement. Ce sont juste des personnes qui ne sont pas alignées avec ce qu’elles ont envie de faire et ce qu’elles sont en train de réaliser. Elles sont sur la voie de quelqu’un d’autre et face à l’obligation de réaliser un objectif qui n’est pas le leur. On appelle cela une désynchronisation.
Être désynchronisé
La désynchronisation peut faire des dommages :
- Dommages sportifs naturellement avec des athlètes qui trainent les pieds en compétition et à l’entrainement ;
- Dommages physiques vu que le mental et le physique sont étroitement liés, on peut aller à l’encontre de blessures, petites ou grosses ;
Même pour des amateurs qui se lancent dans des semi-marathons ou marathons, cette synchronisation entre le cœur et le cerveau est très importante. On sait aujourd’hui que cette synchronisation peut se faire par le questionnement sur le sens, le coaching, ou la méditation. Cela parait un peu mystique, mais on ne parvient pas à s’entrainer correctement si on n’en a pas profondément envie et si l’on ne sait pas pourquoi on le fait.
C’est encore plus vrai pour quelqu’un qui prépare un Marathon ! C’est déjà tellement dur physiquement de multiplier et d’encaisser les séances. Si en plus de cela on y rajoute une charge mentale et que l’athlète n’y trouve pas de plaisir, pas de sens, il ne peut pas y arriver.
Objectifs et garder la motivation de courir
On sait aujourd’hui que la Fixation d’objectifs et la Motivation sont étroitement liés. Au-delà du fait de se demander « Pourquoi » on court, on sait que lorsqu’un objectif est bien fixé, le « Comment » (voir notre article «Les 15 critères pour se fixer des objectifs»). Il permet d’agir sur les dimensions principales de la motivation :
- Persistance : La qualité des objectifs permet de garder la motivation de courir dans le temps ;
- Intensité : il facilite le fait d’être dans l’intensité des choses et de la motivation ;
- Direction : La motivation est une force qui oriente l’individu vers quelque chose de très précis ;
Aujourd’hui, les préparateurs mentaux travaillent la fixation d’objectifs et la motivation en même temps, car ils se rendent bien compte que ce sont des éléments indissociables.
Leur travail va se porter sur deux dimensions essentielles.
- La durée : il est important de comprendre que psychologiquement il est beaucoup plus compliqué de garder sa motivation de courir, une intensité et une persistance si le sportif se fixe un objectif uniquement sur le très long terme. Ex : Un Marathon dans 1 an.
- Multiplication des objectifs : Ensuite, il en va de même si l’atteinte de l’objectif dépend uniquement d’un seul résultat (réussi ou pas réussi). Ces objectifs de résultats sont trop générateurs de stress. Le sportif fera moins preuve de résilience en cas d’échec et courra le risque de vivre une préparation dans l’anxiété.
La solution est de multiplier le nombre d’objectifs et de les découper en plusieurs étapes, que l’on va aborder l’une après l’autre.
Les 3 temps et objectifs de moyens
Alors comment faire pour se fixer des objectifs correctement ? Les clés sont les 3 temps et les objectifs de moyens.
C’est-à-dire augmenter le nombre d’objectifs, leur qualité, et mieux les répartir dans le temps. Cette façon de faire elle la meilleure pour:
- se valoriser ;
- apprécier sa progression ;
- diminuer le stress lié à une compétition ;
- éviter la routine ;
- garder la motivation de courir.
Les 3 temps des objectifs
Tout d’abord, on va découper un objectif spécifique en 3 temps : court-terme, moyen-terme, long-terme. Cela permet d’avoir une « feuille de route » très précise des différentes étapes à suivre pour nous mener jusqu’à l’objectif final. C’est également une manière de valider des marches de progression et d’entretenir la motivation. Prenons l’exemple de quelqu’un qui veut courir un Marathon dans +/- 1 an
Pour un coureur amateur qui souhaite faire un Marathon dans un an :
- OBJECTIF LONG TERME (Quel est mon objectif final ?) : Participer au Marathon de Paris 2021 et le finir en moins de 4 heures
- OBJECTIF MOYEN TERME (Quelles sont les étapes intermédiaires ?) : Entamer une préparation spécifique de 16/20 semaines après avoir au moins 4 à 6 mois d’entrainements de fond préalable qui m’ont permis de courir facilement plus d’1 heure.
- OBJECTIF COURT TERME (Quelle est la première chose à faire dès maintenant ?) : Avant le programme spécifique, je vais m’entrainer 3 fois semaines pendant 4 à 6 mois. Deux entrainements seront axés endurance et un focalisé sur l’amélioration de ma vitesse. Au terme de cette période, je dois être capable de courir 10km en 1h en toute aisance respiratoire.
Les objectifs de moyens
Ensuite, pour chacune de ces périodes, on va y intégrer des objectifs de moyens. Ce sont des objectifs ultra-précis, souvent applicable à une seule séance, et qui sont plus liés à des aspects techniques et/ou de processus. Les avantages sont nombreux :
- Ils permettent au sportif de ne peut pas vivre uniquement qu’au travers d’une victoire ou d’une défaite, ce qui diminue considérablement son stress et a un effet positif sur la motivation.
- C’est une manière pour lui d’évaluer sa progression et d’accéder de manière graduelle à son objectif final. On peut voir cela comme les marches d’un escalier qui mènent à l’étage supérieur.
- Ils permettent également d’apporter une variété et de ne pas tomber dans une mauvaise routine.
- Enfin, travailler sur des éléments qualitatifs et techniques est un excellent moyen pour progresser plus rapidement et améliorer ses performances
Pour les coureurs de Marathon, surtout pour les néophytes qui peuvent être habités par une certaine appréhension, intégrer des objectifs de moyens sans pression de résultat est le secret d’une motivation sur le long terme. Dans le cas contraire, ils prennent le risque d’exploser en plein vol.
Les options sont quasiment infinies, il suffit d’être créatif, à l’écoute de ses envies et de son corps.
Exemple : Se focaliser sur des aspects techniques de sa course : aujourd’hui, je souhaite bien positionner mon buste, dérouler mon pieds, me concentrer sur mon souffle, augmenter ma fréquence de pas à la minute, etc.
Ce qu’il faut retenir
Le sportif va d’objectif en objectif. Ce sont des marches vers de nouveaux paliers de progression.
La réussite de son défi n’est une fin en soi, mais aussi le moyen d’aller vers des perspectives plus importantes.
C’est pourquoi il est très important de bien planifier ses objectifs dans le temps, de les varier et prendre l’aspect qualitatif en compte. Cela permet de garder la motivation de courir et de vérifier sa progression.